la bonne éducation

l'angoisse de la semaine, quand on a deux enfants et un mari absent, c'est ça : les courses.

d'abord, savoir quand les faire.
le soir, après avoir bossé et récupéré les poussines chez Mimi et Popy ... nan, suis crevée, vais plutôt me finir honteusement, même avec mes puces, devant secret story, avant de songer au repas du soir.
le mercredi. le matin, on oublie. d'abord, les poussines et moi, on a tendance à roupiller sec, puis à fonctionner au ralenti. et puis, le matin, j'ai le réflexe ménage (ça rassure, au moins, je le fais un peu). lever tard, repas tard, l'après-midi, Fille Aînée a son cours de danse, l'emmener, la ramener, supermarché trop éloigné ... nan.
samedi ... ben oui, samedi, sinon je vois pas.

donc, cet après-midi, nous voilà parties, toutes trois, pleines de bonne volonté, mes poussines et moi, l'une au volant, l'autre, les sacs à la main, la dernière, liste, stylo et jeton-à-caddie.
avant l'entrée dans l'antre de la société de consommation, je leur fais la leçon, façon super-nanny, à hauteur des yeux, courses-longues-patience-liste-et-rien-d'autre-punition-si-crise.
Petite Chérie passe les première minutes dans le caddie, pour le calme, c'est extra. mais bon, faut bien poser les courses quelques part et Fille Aînée explique gentiment à sa soeur que dans les poches, on a pas assez de place, donc, faut descendre et laisser la place à la boîte de ravioli.
les poussines tournent autour du caddie, à la recherche d'un endroit où se poster sans danger, puisque maman a dit "on lâche pas le caddie", mais que, vu le monde, on risque la collision permanente, qu'est-ce que c'est que cette maman aussi, qui veut pas qu'on lâche le caddie et qu'est-ce que c'est que ces gamines trop obéissantes, qui, du coup, se fairait écraser plutôt que de lâcher !
une heure miraculeuse plus tard, la liste est entièrement cochée, les poussines toujours aussi calmes, direction la caisse tel l'égaré dans le désert vers un oasis. je trouve une caisse, je m'installe à la file, pendant que les poussines se précipite vers la caisse d'à côté, ou une caissière compte ses sous, où plutôt ceux de son patron. je n'ai pas le temps d'intervenir que le monsieur devant les interpelle "hé, si c'était ouvert, tu crois pas que j'y serais allé, nan ?" ... ... bref. je récupère ma progéniture, tout va bien.
on attend notre tour, gentiment quand l'autre se retourne vers mes filles. je n'entends pas ce qu'il dit, mais Fille Aînée répond "6 ans et ma soeur 4 ans". et Petite Chérie d'enchaîner "et toi, t'as quel âge ?"
"hé ! déjà tu me tutois pas ! t'as pas d'éducation ? heureusement, y'a Sarko, il va arranger tout ça, lui, tu vas voir comme y va remettre tout ça !"

... ...

la poussée d'adrénaline est forte mais j'arrive à garder mon calme, tirer mes poussines vers moi en glissant à Petite Chérie de pas lui parler, à lui. mais Fille Aînée a le temps de lui répondre "nous, quand y'a Sarko, on y va pas !" (pinaise, je devrais pas, mais je suis fière de ma fille, là !)

et l'autre de faire un speach à rallonge aux gens devant lui sur le manque d'éducation de nos jours, en montrant mes filles du doigt.
je précise qu'à aucun moment ce monsieur bien éduqué ne m'a adressé un regard. et je me demande aussi si c'est une éducation si modèle de parler à des enfants qu'on ne connaît pas, sans l'accord des parents.
j'ai été vachement zen, malgré certains regards autour de moi, qui n'aurait pas été contre me prêter main forte si j'avais décidé de coincer la tête de l'abruti entre deux barreaux de son caddie, avant de le renvoyer à sa bonne éducation.
me suis contenter de lâcher bruyamment à mes filles "ne lui parlez pas, il est très bête !"
autant pour mon éducation